Importance et limites de l'étude


4      Importance et limites de l’étude

Santé Canada (1996) a communiqué les résultats de statistiques récentes sur la transmission du VIH, qui suggèrent fortement que l’adolescence est une période critique pour la prestation des programmes de prévention. La moyenne d’âge d’infection par le VIH est passée de 32 à 23 ans. Nous savons que la période d’incubation est d’environ dix ans avant l’apparition des premiers symptômes, ce qui signifie que la maladie est contractée, dans bien des cas, pendant l’adolescence.

Selon l’Étude sur les jeunes canadiens face au sida (King et al., 1988), les adolescentes et adolescents adoptent des comportements sexuels à risque et se fient aux écoles et à diverses autres sources pour s’informer sur leur santé sexuelle.

De nombreuses recherches confirment que les programmes et services scolaires (dispensés dans les écoles ou reliés à celles-ci) peuvent influencer les comportements relatifs à la santé des enfants et des jeunes (Allensworth et al., 1997; Mackie et Oickle, 1996). Des études menées à grande échelle sur l’éducation pour la santé (Connell, 1985; Harris, 1988) ainsi que d’autres études sur les programmes d’éducation sexuelle en particulier (Barret, 1990; Baldwin et al., 1990; Munro et al., 1994; King et al., 1996) indiquent que des programmes bien planifiés et bien enseignés peuvent améliorer les comportements relatifs à la santé.

En outre, des études sur l’efficacité des services préventifs de santé (Sisk et al., 1988; Hughes et al., 1989; O’Reilly et Aral, 1985) démontrent que les services d’information, de conseils, d’aide et de dépistage peuvent limiter la propagation des maladies transmises sexuellement chez les jeunes.

Les chercheurs Fisher (1989) et Hanvey et Kinnon (1993), entre autres, ont remarqué qu’on obtenait de meilleurs résultats si on coordonnait les cours d’éducation sexuelle avec les services de santé sexuelle. On a récemment compilé les résultats d’une recherche menée par la Institute of Medicine (1997), aux États- Unis, à savoir si on peut avoir recours aux écoles pour offrir de tels cours et services, le tout combiné à un milieu physique sain et à des programmes d’appui social comme ceux d’entraide et de participation des parents. L’approche globale de la santé en milieu scolaire est compatible avec celle axée sur la santé de la population utilisée par les différents gouvernements partout au Canada (Santé Canada, 1994) voulant que la combinaison d’interventions puisse influer sur plus d’un déterminant de la santé.

En outre, Santé Canada (1994) et des organismes professionnels pancanadiens (Association canadienne des administrateurs et des administratrices scolaires, 1992) ont établi ou recommandé la création de normes d’éducation et de soins professionnels. En vertu de ces normes, les écoles s’uniraient aux services de santé pour enseigner la prévention du VIH aux adolescentes et adolescents.

Il n’est donc pas étonnant que les ministères de l’Éducation et de la Santé aient demandé aux arrondissements scolaires et aux services de santé publique d’enseigner des cours d’éducation sexuelle et d’offrir des services de santé sexuelle.

Au Canada, plusieurs études ont mené à la conclusion que les jeunes risquent d’être infectés par le VIH à cause de leurs comportements sexuels imprudents. L’Étude sur la jeunesse du Canada et le sida est celle ayant eu la plus grande portée, mais depuis 1988, plusieurs autres recherches ont été entreprises.

Il existe cependant très peu de rapports qui traitent des politiques et des programmes en vigueur au Canada. Aux États-Unis, les autorités de l’éducation et de la santé ainsi que le gouvernement fédéral et celui des différents États collaborent en vue d’échanger des renseignements de façon plus cohérente sur l’état des programmes et politiques scolaires. On a entamé la deuxième phase de la School Health Policies and Programs Study (Kolbe et al., 1995), qui est subventionnée par les centres épidémiologiques.

Au Canada, plusieurs tendances font ressortir la nécessité d’une telle étude. Le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) [CMEC], représentant les provinces et les territoires, travaille de concert avec plusieurs ministères pour renforcer la capacité du pays à faire état du rendement scolaire. Industrie Canada a fourni les fonds nécessaires à l’élaboration de normes en sciences, Développement des ressources humaines Canada a subventionné l’établissement d’indicateurs en matière d’alphabétisation et de notions de calcul et le CMEC travaille étroitement avec Statistique Canada par l’entremise du Comité des statistiques canadiennes de l’éducation.

La santé des élèves est ressortie comme sujet de recherche dans le cadre du Programme pancanadien de recherche en éducation du CMEC. La présente étude pourrait constituer une composante de ce sujet de recherche.

Santé Canada pourrait s’inspirer des résultats de la présente étude pour alimenter plusieurs initiatives pancanadiennes. La Stratégie canadienne sur le VIH-sida vient tout juste d’être renouvelée et comporte des directions stratégiques clairement établies. Le Rapport de la Commission royale sur les nouvelles techniques de reproduction (Shannon et McCall, 1991) réclame une stratégie pancanadienne sur la santé génésique, dont un des éléments consiste en la prévention des MTS.

Le présent rapport décrit les activités des ministères de l’Éducation et de la Santé, des arrondissements scolaires et des services de santé publique, des écoles, du corps infirmier de santé publique ainsi que du personnel enseignant. Les groupes de discussion formés de parents et d’élèves procurent quelques-unes des voix que nous devons écouter.

Les données compilées démontrent très clairement à quel point 23 systèmes publics d’importance (le ministère de l’Éducation de l’Alberta s’est abstenu de participer à l’étude), constitués de ministères, d’organismes et de personnel de première ligne, doivent lutter pour remplir leur mandat respectif, soit la prévention du VIH et la promotion de la santé sexuelle. Aux prises avec la restructuration des systèmes, la réduction des ressources et un sujet qui se veut à la fois délicat et complexe, les spécialistes, les administratrices et administrateurs des organismes ainsi que les fonctionnaires doivent constamment faire preuve d’innovation pour venir à bout des difficultés et offrir les programmes prévus.

Malgré nos difficultés de communication avec les autorités compétentes et à fixer les entrevues, nous avons obtenu un excellent taux de réponse à nos demandes d’entrevues téléphoniques, surtout si on tient compte des limites et des contraintes auxquelles se heurtent ces spécialistes. Les défis que nous avons dû relever semblent similaires à ceux énoncés dans la School Health Policies and Programs Study des États- Unis (Kolbe et al., 1995).

Nous devons cependant faire observer que les données établissent clairement que la restructuration et les changements sont actuellement des caractéristiques dominantes au sein de ces deux systèmes. Nous étions à la poursuite d’une cible mobile et nous le sommes toujours. À titre d’exemple, en cours d’étude, et même après celle-ci, certaines instances avaient déjà entamé, ou terminé, la réforme de leurs programmes de santé.

Nous tenons à souligner que la présente étude ne constitue nullement un examen exhaustif de tous les programmes, politiques, services et activités de prévention du VIH à l’échelle pancanadienne. Nous avons déjà discuté du rôle que peuvent jouer les parents, la collectivité, les médias et les autres organismes. Rappelons que les écoles et les services de santé publique ne peuvent pas lutter seuls contre la propagation du VIH.

La présente étude se veut cependant un rapport clair et complet sur l’état actuel des politiques, programmes et pratiques à l’échelle provinciale, territoriale, communautaire et scolaire. Nous savons maintenant ce qu’accomplissent les deux principaux systèmes en matière de prévention.

Mentionnons en outre qu’on ne doit et qu’on ne devrait pas traiter les résultats des rapports sur les groupes de discussion de la même façon que ceux sur les questionnaires ou les entrevues téléphoniques. Les groupes de discussion participants ont choisi les élèves et les parents, et ces derniers ont fait une sélection entre eux. Les points soulevés de même que l’analyse des perceptions peuvent faire ressortir d’importantes questions voire des réponses, mais ne représentent pas nécessairement l’opinion de l’ensemble des parents et des élèves. Ceci dit, ils reflètent ceux enregistrés dans le cadre d’études similaires.

Par ailleurs, le taux de réponse obtenu pour les questionnaires envoyés au personnel enseignant est inférieur à celui des entrevues téléphoniques. Nous attribuons ceci à la différente méthode utilisée. Au lieu de recueillir de l’information par téléphone, nous avons demandé aux directions d’écoles de nous fournir le nom d’une enseignante ou d’un enseignant à qui nous pourrions envoyer un questionnaire par la poste. Nous avons assuré la confidentialité des réponses aux personnes participantes. Malgré cela, la variation dans l’intervalle de confiance s’est révélée plus importante pour les personnes qui ont rempli les questionnaires que pour celles qui ont répondu aux entrevues téléphoniques.

Les rapports techniques détaillés font état des taux précis de réponse et des analyses statistiques. Notons en outre que les résultats relatifs aux provinces et territoires seront communiqués à ces instances dans des rapports séparés.

La présente étude pourrait servir de modèle aux systèmes scolaire et de santé publique pour ce qui est des politiques, pratiques et programmes de prévention du VIH et des MTS et de promotion de la santé sexuelle. Ces résultats pourront servir de base comparative sur une période de temps ou faire partie d’une série de principes indicateurs pour la surveillance des systèmes scolaires et de santé. Enfin, ils peuvent être comparés à ceux de la School Health Policies and Programs Study des États-Unis, étant donné leur similitude.

Le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) apprécie l’occasion qui lui est donnée de piloter cette étude ainsi que le soutien et la coopération fournis par les responsables des Programmes de prévention et d’action communautaire sur le VIH/sida de Santé Canada.

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