Sommaire
3 Sommaire
Les objectifs de la présente étude sont de soumettre un rapport sur létat des politiques, des programmes et des pratiques des systèmes scolaire et de santé publique du Canada dont le mandat est de prévenir la transmission du VIH/sida et de promouvoir la santé sexuelle chez les adolescentes et adolescents. On traite dans le présent document de la prévention du VIH et des MTS en regard dune approche axée sur une sexualité saine ainsi quen reliant le sujet à dautres questions de santé et à la promotion et à lenseignement de la santé en général.Un consortium canadien de chargés détudes a entrepris la présente étude pour le compte du Conseil des ministres de lÉducation (Canada) [CMEC]. Santé Canada, par lentremise de ses Programmes de prévention et daction communautaire sur le VIH/sida, a offert le soutien et les fonds nécessaires à la réalisation. Les ministères de lÉducation des provinces et territoires ont également collaboré à la conception et à la mise en uvre.
Les données récentes sur la transmission du VIH montrent que les adolescentes et adolescents représentent toujours un groupe à risque élevé et ce, à cause de pratiques sexuelles à risque et de lutilisation de drogues par méthode dinjection. Les programmes scolaires et les services préventifs de santé dispensés dans les écoles ou à proximité peuvent influencer ces comportements. Chaque année, les élèves ont donc besoin dune éducation sexuelle appropriée, de services et dinformation sur la santé sexuelle adaptés pour eux, dun milieu scolaire positif ainsi que de la coopération entre les parents et leur école pour les aider à prendre des décisions saines et sensées. Ces programmes et services peuvent influer sur les connaissances, les capacités dadaptation, les croyances par rapport à la santé ainsi que sur les services sociaux et de santé disponibles pour les jeunes.
Le développement social sain de lenfant, léducation pour la santé et de léducation sexuelle font partie intégrante de tous les mandats scolaires de base. Les autorités de la santé publique ont le mandat de promouvoir la prévention en milieu scolaire comme moyen efficace de rejoindre la jeunesse de la collectivité. En cours détude, on a remarqué que beaucoup dautres matières scolaires faisaient concurrence à léducation sexuelle et quil était de moins en moins prioritaire pour les services de santé publique duvrer au sein des écoles. Pourtant, la prévention du VIH et la promotion de la santé sexuelle auprès des jeunes constitue lune des premières responsabilités des systèmes scolaire et de la santé. Bref, les deux systèmes ont un travail permanent à accomplir en ce qui a trait à la prévention du VIH/sida.
Aucune étude pancanadienne na été effectuée sur létat des politiques, des programmes et des pratiques. Le présent rapport est le premier du genre à paraître au Canada. Pour bien informer les stratèges des progrès réalisés en matière de prévention du VIH/sida, nous devons disposer de données précises sur la performance et les capacités des deux systèmes. Le présent rapport se veut un point de référence pour le suivi de ces programmes et politiques.
De la présente étude, donc, pourrait découler ce qui suit : des objectifs clairs et réalisables en ce qui concerne léducation sexuelle et du VIH, desquels les deux systèmes devraient davantage répondre; une coordination renforcée au sein des deux systèmes et entre ceux-ci; un appui plus soutenu pour la réalisation de ces objectifs par lentremise de programmes de santé plus efficaces et autres; davantage dappui pour les programmes parascolaires; une participation accrue de la part des parents et des élèves; de meilleurs programmes préventifs de santé pour les adolescentes et adolescents de la collectivité; un cadre de référence qui permettrait de faire un suivi systématique et de rendre compte des progrès accomplis.
Le Canada doit renouveler son intérêt
Au début de lépidémie du sida (dans les années 1980), les systèmes scolaire et de santé publique ont répondu rapidement et efficacement à la situation. On a élaboré et mis en uvre des programmes, mis en place des politiques et lancé des campagnes de lutte contre le sida. Les systèmes du Canada se trouvaient en avance sur la réaction mondiale devant le phénomène. Les ministères de la Santé et de lÉducation ainsi que divers organismes ont concerté leurs efforts pour procéder à lélaboration de politiques et pour organiser des campagnes de sensibilisation. Nos constatations indiquent cependant quune bonne partie de ces excellents efforts initiaux nont pas été maintenus.
Les systèmes scolaire et de santé publique sont aujourdhui assaillis par une demande croissante et ce, malgré des ressources de plus en plus limitées. En raison de lexplosion des connaissances et des problèmes sociaux et économiques auxquels se heurte notre société, les collectivités exercent une forte pression sur les écoles pour que ces dernières offrent un plus grand nombre de cours dinformatique, de sciences, de mathématiques, dhistoire, de sensibilisation à la violence, sur lenvironnement et sur bien dautres sujets. Les coûts accrus reliés au vieillissement de la population pèsent également sur les systèmes de santé, y compris les services de santé publique.
Les systèmes se trouvent en pleine période de transition
Devant ces pressions, les gouvernements ont tenté de décentraliser le processus décisionnel des services publics en le rapprochant de la base. Les ministères des provinces et territoires assument maintenant le rôle de coordination et de suivi des politiques, et les organismes communautaires et différents établissements disposent dune plus grande marge de manuvre pour combler les besoins de leur collectivité. Les réponses offertes à nos sondages par le personnel de tous les paliers des deux systèmes confirment nettement ce phénomène. Plus dun tiers des répondantes et répondants ont indiqué quils assistaient à une révision, à une restructuration ou à une modification de leur emploi ou de leur rôle, si cela navait pas déjà été fait.
Les gouvernements essaient en même temps dintégrer et de coordonner la prestation de programmes et de services en vue de réduire les problèmes de chevauchement et den améliorer la synergie et lincidence. Plusieurs instances ont pris des mesures et ont même créé des ministères et des organismes pour coordonner la prestation de programmes et de services destinés aux enfants et aux jeunes.
Nos observations semblent indiquer que la décentralisation se poursuit malgré labsence des liens et des communications nécessaires au sein des systèmes et entre ceux-ci. Les deux systèmes fonctionnent déjà de façon relativement indépendante en ce qui a trait à la prestation de services publics. Plus il y a décentralisation, plus il devient pressant pour les deux systèmes de fixer des priorités et des objectifs clairs, détablir une communication intersystèmes et intrasystèmes, dencourager une plus grande coopération avec les ressources communautaires et dappuyer davantage le perfectionnement professionnel à tous les paliers de manière à permettre au personnel dassumer différents rôles.
Ces résultats suggèrent également que des écarts sont en train de se creuser entre les deux systèmes et à lintérieur de ceux-ci. Par exemple, au moins deux tiers des répondantes et répondants à tous les paliers des deux systèmes ont indiqué quil nexistait pas de comité interinstitutionnel dynamique pour faciliter la coordination des efforts. On néchange pas systématiquement les résultats de recherche ni dautres renseignements. En outre, les réponses à plusieurs des questions visant à savoir si on collectait ou communiquait le résultat des données sur les élèves ou sur la performance des systèmes laissent entendre que les stratèges ne sont probablement pas informés sur une base régulière.
Principaux résultats
Nous avons basé la composante sondage du rapport sur les entrevues téléphoniques effectuées avec du personnel choisi au hasard dans les trois paliers des deux systèmes, dont :
- 11 cadres du ministère de lÉducation et 12 du ministère de la Santé;
- 92 fonctionnaires de divers arrondissements scolaires et 81 de la santé publique;
- 181 directrices et directeurs décole et 148 infirmières et infirmiers de santé publique;
- 91 enseignantes et enseignants choisis pour répondre par écrit et par la poste à un questionnaire anonyme.
Comme composante de létude, plusieurs groupes de discussion ont été formés avec des élèves et des parents dans des écoles qui ont été sélectionnées dans le but dattribuer une «voix» aux données du sondage. Nous avons inclus aux présentes un sommaire des observations formulées lors des séances de discussion. Des rapports complets sont également disponibles. Quelques-uns des commentaires formulés par les élèves et les parents servent à attirer lattention sur certains points en particulier.
Une analyse du contenu des documents ministériels est également soumise sous pli séparé et un rapport technique complet est disponible. Les rapports des provinces et territoires seront soumis aux ministères et à leurs collectivités respectives.
Notre rapport fait état de la situation prévalant dans deux systèmes, soit les systèmes scolaire et de santé publique, qui ont notamment comme mandat la prévention du VIH et des MTS et la promotion de la santé sexuelle. Les données ont été recueillies pendant une période de grande réforme. Les résultats correspondent en général à plusieurs petites études de cas faites au Canada ainsi quà ceux obtenus lors dune étude américaine menée à plus grande échelle. Nous avons enregistré un excellent taux de réponse (plus de 85 p. 100), mais avons toutefois dû surmonter certaines difficultés avant détablir un échantillonnage adéquat dans chaque instance. Létude de ces deux systèmes ne fait aucunement état des autres activités de prévention menées par les groupes communautaires, comités de parents et autres.
Les données du sondage sont présentées sous cinq thèmes compatibles avec la théorie sur la santé de la population et son application aux programmes scolaires (approche globale de la santé en milieu scolaire) :
- politique et responsabilité;
- enseignement;
- services préventifs de santé;
- soutien social;
- milieu physique sain.
Politique et responsabilité
Les résultats suggèrent quon ne saisit pas très bien les objectifs des deux systèmes en ce qui a trait à la santé sexuelle, et que ces objectifs ne sont pas clairement définis. Dans les systèmes scolaire et de la santé, on a signalé quune minorité (de 24 à 40 p. 100) de parties concernées respectent les objectifs à long terme de la politique sur la santé sexuelle. Les objectifs de la politique sur le VIH/sida se sont révélés beaucoup plus précis. Un petit nombre de répondantes et répondants ont également indiqué respecter les plans daction explicites à long terme pour la promotion de la santé sexuelle. Encore une fois, les plans daction pour le VIH/sida étaient beaucoup plus précis dans les deux systèmes.
Il semblerait que les normes établies pour les deux systèmes, et auxquelles sattendent ces derniers, ne soient pas très claires. Bien que tous les ministères de lÉducation prescrivent les cours déducation sexuelle, seulement la moitié suggère ou recommande une période de temps minimum pour lenseignement de cette matière. Selon nos constatations, le temps alloué en salle de classe à cette matière (entre trois et huit heures par année) semble insuffisant. Les autorités responsables de léducation ne font aucun suivi quant au rendement des élèves en matière déducation sexuelle et déducation pour la santé.
Environ la moitié des ministères de la Santé ont décrit la nature des services préventifs de santé qui doivent être fournis aux adolescentes et adolescents. Ceci dit, une minorité des répondantes et répondants du milieu de la santé publique ont indiqué avoir reçu une description claire et précise du rôle quils devaient assumer en milieu scolaire. La plupart ont fait savoir quils neffectuent pas détudes régulières ni ne reçoivent de données qui permettent de surveiller le comportement sexuel des jeunes.
Environ un quart des répondantes et répondants des deux systèmes ont affirmé avoir établi les normes minimales ou les qualifications requises pour enseigner la sexualité ou pour promouvoir la santé sexuelle auprès des jeunes.
Ni le système scolaire ni celui de santé publique ne cherchent à connaître le degré de satisfaction des parents ou des élèves vis-à-vis des programmes et des services offerts.
Les politiques visant à promouvoir les précautions universelles liées à la sécurité et à lhygiène et à permettre aux élèves de poursuivre leurs études ou au personnel enseignant de conserver leur emploi sont monnaie courante. Cependant, un petit nombre des personnes interrogées a indiqué que le personnel était formé pour appliquer ces politiques ou que lon en surveillait le respect.
Dans la plupart des instances, les hauts fonctionnaires nexigent pas des organismes auxiliaires lélaboration ou la mise en uvre de politiques ou de plans daction complets sur la sexualité et le VIH.
Dans la plupart des instances, il nexiste pas non plus dautres politiques connexes visant à appuyer la prévention du VIH. Le rôle et la formation des conseillères et conseillers en orientation concernant les problèmes dordre sexuel ne sont pas clairs. Lintervention que doit faire linfirmière ou linfirmier de santé publique en milieu scolaire est vague et de plus en plus restreint. La majorité des répondantes et répondants à tous les paliers des deux systèmes ont mentionné ne pas appliquer de politique précise relativement à la coordination des programmes scolaires, communautaires et des organismes.
Les répondantes et répondants des deux systèmes ont souligné lusage peu fréquent de mesures visant à faciliter ou à appuyer linstauration de programmes déducation ou de services dans les systèmes. Ces programmes comprennent le soutien administratif, les subventions incitatives, le soutien pour la coopération interdisciplinaire, lentretien de réseaux, lencouragement à produire par écrit des protocoles interinstitutionnels et la diffusion des résultats de recherche.
Enseignement
Lenseignement de la prévention du VIH se fait presque toujours dans le cadre dun cours déducation sexuelle qui fait partie dun programme de santé. (Nota : dans plusieurs instances, le programme de santé sintitule Programme de développement social et personnel). Un tiers des répondantes et répondants du milieu scolaire ont déclaré appuyer énergiquement lintégration du cours sur la sexualité et le VIH au sein dautres programmes.
Le personnel enseignant a affirmé employer les stratégies pédagogiques habituelles pour donner la matière reliée au VIH et aux autres sujets à caractère sexuel. Il utilise donc les présentations magistrales, les discussions en classe et les vidéos. Il a beaucoup moins souvent recours à dautres stratégies, dont plusieurs sont recommandées par le milieu de la recherche, entre autres, le jeu de rôle, lenseignement par les pairs, lexposé par une personne vivant avec le VIH-sida, la mise en scène théâtrale et le journal personnel.
Les enseignantes et enseignants ont déclaré dispenser en moyenne chaque année entre trois et huit heures de cours sur la sexualité et le VIH.
Environ les deux tiers du personnel enseignant a signalé avoir reçu une formation minimale sur lenseignement des cours déducation sexuelle, soit sous forme de cours magistral à luniversité ou datelier de formation avant lemploi. La moitié des arrondissements scolaires ont déclaré offrir régulièrement de la formation en cours demploi sur léducation sexuelle et un tiers du corps enseignant a affirmé y avoir participé.
La plupart des personnes interrogées à tous les paliers du système scolaire ont indiqué avoir fait usage du matériel pédagogique figurant sur la liste autorisée. Un tiers des ministères de lÉducation, deux tiers des arrondissements scolaires et trois-quarts des directions décole ont acheté du matériel pédagogique traitant de la sexualité. Environ un cinquième des ministères de lÉducation et des arrondissements scolaires ont affirmé quils élaboraient du matériel didactique sur support électronique qui traite de la sexualité et du VIH ou quils octroyaient les fonds nécessaires à cet effet. Daprès les réponses du personnel enseignant, il est difficile dobtenir du matériel de très bonne qualité sur les sujets suivants : lorientation sexuelle, les comportements sexuels telles les relations sexuelles anales et orales, la masturbation, la relation sexuelle coercitive ainsi que le plaisir et la satisfaction sexuelle comme faisant partie de la sexualité.
Les enseignantes et enseignants semblent être à laise et bien préparés, et estiment couvrir la plupart des sujets dordre sexuel qui ne font pas lobjet de controverse. En moyenne, ils enseignent depuis 14,6 ans et ont dispensé un cours déducation sexuelle à 20 reprises. Cependant, plusieurs ont signalé ne pas couvrir les sujets qui traitent, entre autres, de lorientation sexuelle, des relations sexuelles anales et orales, de masturbation, de plaisir et de satisfaction. De plus, la plupart utilisent les méthodes denseignement habituelles comme le cours magistral, la vidéo et la discussion de groupe. Ils se servent moins souvent de stratégies pédagogiques dynamiques comme le jeu de rôle, le journal personnel et la discussion en petits groupes.
Sept infirmières et infirmiers de santé publique sur dix ont déclaré enseigner des cours de sexualité dans les salles de classe, bien que les réponses du personnel enseignant indiquent que ces cours ne sont pas dispensés dans une majorité des classes. Environ 30 p. 100 des répondantes et répondants à tous les paliers du système scolaire ont noté que les organismes sur le sida ou sur la sexualité les appuyaient en ce qui concerne lenseignement de ces cours.
Services préventifs de santé
Les répondantes et répondants du milieu de la santé publique de chaque instance ont déclaré avoir le mandat de dispenser des services de santé sexuelle et de sacquitter de cette tâche. La plupart ont fait savoir que des mesures avaient été prises pour adapter la prestation de ces services aux besoins des adolescentes et adolescents. Environ la moitié ont affirmé avoir adapté les services de santé sexuelle aux jeunes gais et lesbiennes.
Il est probable que les élèves naient pas accès aux services disponibles étant donné que seulement la moitié des répondantes et répondants des ministères de la Santé ont déclaré en avoir annoncé la disponibilité. De plus, seulement la moitié des ministères de la Santé et des services de santé publique ont indiqué avoir coordonné la prestation de ces services avec les écoles.
Les infirmières et infirmiers qui uvrent régulièrement en milieu scolaire travaillent en général dans six écoles et y passent en moyenne 12 heures par mois. Toutes les écoles ne bénéficient pas de services infirmiers. Au Canada, chaque école a droit à environ cinq heures de service infirmier par mois, dont une heure, en moyenne, est consacrée à la sexualité.
Les infirmières et infirmiers ont les compétences requises et la plupart possèdent un diplôme en sciences infirmières. Environ un tiers ont signalé détenir une majeure ou une mineure en promotion de la santé, en sexualité ou en santé de lenfant et de la jeunesse. Environ la moitié ont rapporté avoir participé à au moins trois ateliers sur la sexualité et le VIH. De plus, les infirmières et infirmiers possédaient en moyenne plus de 13 ans dexpérience, dont plus de 10 ans consacrés à la jeunesse et plus de 9, à la santé sexuelle.
Soutien social
La plupart des personnes interrogées du système de la santé ont indiqué ne plus mener ni norganiser des campagnes médiatiques de sensibilisation sur le VIH/sida. Les campagnes qui ont eu lieu ne semblaient pas coïncider avec des programmes scolaires ni assurer la disponibilité dinformation et de ressources- conseils pour répondre aux demandes en découlant. Les organismes sur le sida ou la sexualité ont rarement participé aux campagnes médiatiques mises sur pied par les gouvernements ou les services de santé publique.
Très peu de répondantes et répondants du domaine de la santé ont déclaré avoir fait usage de publicité engagée pour prévenir le VIH ou pour promouvoir la santé sexuelle. Moins de 10 p. 100 des ministères de la Santé et des services de santé publique ont signalé avoir ciblé le milieu des affaires à laide dune publicité de commercialisation à but social.
Moins de la moitié des ministères de la Santé et des services de santé publique ont rapporté avoir publié ou envoyé de linformation sur la sexualité ou le VIH directement aux parents. Un nombre encore plus restreint darrondissements scolaires et décoles ont affirmé lavoir fait. Environ un tiers des infirmières et infirmiers ont déclaré quils coordonnaient leurs activités avec les événements communautaires reliés au VIH et le même nombre denseignantes et enseignants ont indiqué faire coïncider leurs cours avec ces événements. Environ deux tiers des infirmières et infirmiers ont dit avoir utilisé le matériel préparé en vue de la Semaine nationale de sensibilisation au sida.
Moins du quart des répondantes et répondants des systèmes scolaire et de la santé ont souligné avoir subventionné les programmes dentraide étudiants, les groupes de jeunes ou les groupes délèves de la collectivité, ou travaillé avec ces groupes, sur les questions et activités se rapportant à la santé sexuelle.
Milieu physique sain
On a élaboré des politiques et des procédures sur les précautions universelles associées à la sécurité et à lhygiène, mais effectué très peu de suivi, de surveillance, de perfectionnement professionnel ou de toute autre forme de soutien notable à cet égard, tant dans les systèmes scolaire que de santé publique.
La plupart des personnes interrogées du système scolaire ont fait mention de certaines activités quant à la politique sur le harcèlement et à la prévention de la discrimination. Elles déclarent toutefois ne pas sêtre attardées à lhomophobie ou à la prévention du harcèlement subi par les gais ou lesbiennes. Les répondantes et répondants du système de la santé ont rapporté avoir tenu très peu dactivités sur la prévention de tout type de discrimination.
Principaux résultats des groupes de discussion
Nous ne pouvons interpréter les opinions des personnes choisies pour participer aux groupes de discussion dans le cadre de la présente étude comme reflétant celles de lensemble des élèves et des parents. Cependant, les observations sapparentent sensiblement à ceux dautres petites enquêtes similaires.
Nous avons tenu huit séances de discussion avec des élèves et des parents de quatre collectivités du Canada. Les élèves ont exprimé leur frustration relativement au cadre très étroit du programme déducation sexuelle dispensé à lheure actuelle (anatomie, maladies et usage du condom) ainsi quà la répétition de certaines activités ou vidéos. Ils veulent une meilleure couverture des sujets comme lorientation sexuelle, la violence sexuelle dans les fréquentations, la négociation entre partenaires sexuels et les comportements sexuels. La plupart nétaient pas au courant des services de prévention de santé sexuelle disponibles dans leur collectivité et nen avaient jamais fait usage. Les parents ont exprimé leurs inquiétudes relativement à la formation du personnel enseignant des cours déducation sexuelle et à savoir si les services de santé sexuelle de leur collectivité sont vraiment adaptés à la jeunesse. Tout comme leurs enfants, les parents réclament des programmes déducation sexuelle plus exhaustifs. .
Ligne daction suggérée
À la lumière de nos résultats, nous suggérons la ligne daction suivante, que nous soumettons aux responsables des politiques ainsi quaux spécialistes des deux systèmes.
1. Accent sur les comportements et les groupes de population à risque élevé
Les élèves qui font partie des groupes à risque élevé bénéficieraient dune protection accrue et de meilleurs services. Les personnes ayant des comportements à haut risque ainsi que les groupes de population à risque élevé associés à la transmission du VIH sont sans doute ceux qui profitent le moins des programmes scolaires et de santé publique. On devrait améliorer les cours et le matériel reliés à lorientation sexuelle. Le climat social de bien des écoles incite à la discrimination envers les gais et lesbiennes, forçant ces élèves à réprimer leur sexualité jusquà leurs premières expériences sexuelles. Les programmes scolaires en place qui traitent du harcèlement pourraient prévoir un segment sur lhomophobie. Un engagement accru de la paart des organismes et des spécialistes de la santé publique pourraient aider davantage ces élèves en offrant de linformation et dautres services préventifs de santé sexuelle. Il y aurait également lieu dadapter ces services aux besoins des élèves.
2. Objectifs plus clairs, rôles mieux définis
Il serait avantageux pour les deux systèmes dénoncer clairement les résultats escomptés en matière de prévention du VIH et de promotion de la santé sexuelle, et de mieux en surveiller latteinte. On pourrait énoncer de manière plus précise dans ces programmes le minimum de connaissances requises, les aptitudes, les attitudes et les croyances ainsi que diverses formes de soutien social à atteindre dans le cadre des cours et des autres activités prévus. Ces normes ne renfermeraient pas tous les facteurs pouvant influer sur les comportements associés à la santé sexuelle, mais on définirait de façon réaliste la contribution de lécole.
On pourrait par ailleurs viser de tels résultats dapprentissage en passant par lenseignement interdisciplinaire en plus de commencer plus tôt et de poursuivre plus longtemps le programme de santé. On aurait en outre avantage à revoir létendue et la séquence des programmes de santé de manière à réaliser un meilleur rendement. On pourrait par exemple relier le contenu de base des cours sur la sexualité et le VIH aux capacités de prise de décision, à des notions sur les médias ainsi quà dautres aptitudes dordre général qui peuvent senseigner par lentremise du programme de santé. Ceci permettrait déviter les problèmes de dédoublement et de compétition pour lallocation du temps denseignement. Grâce à ces deux stratégies scolaires, il serait possible de multiplier le temps réservé à lenseignement de la sexualité et du VIH en plus daméliorer la qualité de la méthode pédagogique.
Les services de santé publique pourraient énoncer leurs objectifs et leurs normes minimum quant à la prestation de services préventifs destinés à promouvoir la santé sexuelle des adolescentes et adolescents. Il y aurait lieu de définir plus clairement lintervention scolaire de linfirmière ou de linfirmier de santé publique et dappuyer plus efficacement les personnes embauchées pour remplir ce rôle.
On pourrait définir et promouvoir le type déducation et de qualifications requises du personnel enseignant et de la santé publique, en offrant des programmes de formation en cours demploi et avant lemploi.
3. Appui soutenu pour la mise en uvre
Le personnel enseignant et les élèves bénéficieraient grandement dun meilleur accès électronique aux ressources éducatives, dune participation accrue des parents et de la collectivité ainsi que dactivités organisées pour faire participer les jeunes à des programmes de promotion de la santé.
Le personnel enseignant ne connaît pas, ou nutilise pas, le matériel disponible sur lorientation sexuelle, les relations sexuelles anales et orales, la pornographie, la masturbation ainsi que sur le plaisir et la satisfaction quapportent des relations sexuelles affectueuses. Ce matériel doit être développé ou diffusé plus adéquatement en utilisant, le cas échéant, des moyens électroniques. La présente étude démontre que lorsquil sagit de léducation sexuelle et de la santé, on na pas souvent recours à la technologie.
Les deux systèmes pourraient tenter dobtenir une intervention accrue des parents, des élèves et des groupes responsables de lenseignement de la sexualité et du sida. On devrait encourager les parents à participer à léducation sexuelle et renforcer les réseaux denseignantes et denseignants formés dans le cadre de la mise en uvre et dautres groupes de responsables établis par plusieurs organismes et ministères de lÉducation.
Les études indiquent que les parents peuvent participer à la promotion de la santé de diverses façons. Un support accru aux parents sous forme dateliers de même quun accès à de linformation pertinente pourraient les inciter à initier le dialogue avec leurs enfants et leur permettre de réagir adéquatement devant certaines situations.
Des jeunes ont récemment mené des études sur la promotion de la santé qui pourraient sappliquer à la prévention du VIH et à la promotion de la santé sexuelle. Ils auraient avantage à sentraider, à créer des milieux sociaux solidaires et à préconiser la mise sur pied de certains programmes et services.
4. Coordination resserrée entre les systèmes
Les systèmes scolaire et de santé publique pourraient maximiser lusage de leurs ressources limitées sils coordonnaient leurs politiques et leurs programmes plus judicieusement.
Les mécanismes qui servent à favoriser la coopération entre les deux systèmes ne sont pas très solides. Pour améliorer la situation, il faudrait encourager le renforcement de la communication interinstitutionnelle et interministérielle, le recours plus fréquent à des comités interinstitutionnels, la diffusion des résultats de recherche à plus grande échelle, lamélioration des pratiques ainsi que le soutien accru au personnel de coordination.
Pour assurer lusage efficace des ressources communautaires, il faudrait préciser lorientation stratégique des deux systèmes et les appuyer. Le personnel pourrait également recevoir une formation sur le sujet de la coopération et obtenir le temps nécessaire pour les activités de coopération interdisciplinaire et interinstitutionnelle.
5. Suivi et communication rehaussées
Si les deux systèmes rehaussaient leur capacité interne de suivi des progrès et des activités ainsi que celle de communication des résultats, la population et les stratèges sen verraient mieux informés et la transparence, améliorée.
Les données actuellement disponibles sur les connaissances des élèves en santé et en sexualité pourraient être utilisées pour surveiller lefficacité des programmes et services dispensés. On pourrait également réaliser sur une base régulière des sondages sur la satisfaction de la clientèle.
6. Autres recherches
Si la présente étude menait à dautres recherches sur les questions clés, on améliorerait du coup le degré de connaissances sur la promotion de la santé et la prévention du VIH en milieu scolaire, qui devrait servir à orienter lélaboration des politiques et des programmes.
De la présente étude, il est possible didentifier dautres domaines de recherche intéressants du point de vue des politiques. La partie du rapport qui contient les résultats des sondages et des groupes de discussion donne 20 suggestions de recherche à poursuivre. Nous en soulignons quelques-unes ci-après.
Une recherche sur les points suivants permettrait de répondre à dimportantes questions au sujet des politiques et des programmes :
Quels sont les résultats minimum que lon peut atteindre en matière de promotion de la santé sexuelle en milieu scolaire, y compris létendue optimale et la séquence des programmes déducation sexuelle? Comment peut-on enseigner efficacement le sujet de la sexualité à plus de niveaux scolaires et dans plus de cours?
Pourquoi le personnel enseignant nest-il pas en mesure de traiter efficacement de certains sujets dans les cours déducation sexuelle? Nest-il pas à laise ou familier avec les méthodes pédagogiques dynamiques? Est-ce à cause dun manque de temps ou de matériel adéquat, ou est- ce une combinaison de ces facteurs?
Quels sont les avantages-coûts et la rentabilité associés à la prestation des services préventifs de santé en milieu scolaire ou à proximité? Quel est le rôle le plus efficace des infirmières et infirmiers du service de santé publique? Comment lexpérience canadienne se compare-t-elle à celle dautres pays? Comment ces rôles se comparent-ils à la capacité actuelle des systèmes de santé publique?
Comment pourrait-on utiliser le présent rapport pour mettre au point une série dindicateurs destinés à surveiller les politiques et les programmes de santé en milieu scolaire dans lavenir?
Quelle opinion ont les élèves et les parents canadiens des programmes déducation sexuelle et des services de santé sexuelle dispensés?
Quelle proportion dadolescentes et dadolescents bénéficient de laccès aux services préventifs de santé?